Aujourd'hui notre randonnée débute au carrefour de la Bloss près du Mont Sainte Odile pour prendre la direction du village Alsacien de HEILIGENSTEIN. Mais avant de visiter Heiligenstein je ne vais pas manquer de repasser par les ruines du château du Landsberg construit au début du 13ème siècle par Konrad de landsberg et détruit en 1634 par les Suédois.
Mon parcours passe par le kiosque Jadelot qui est en cours de réfection. Construit sous le second empire par le garde forestier général Jadelot, ce pavillon flanqué d'un balcon domine la route qui mène de Barr au Mont Ste Odile. Le sentier de randonnée traverse le kiosque qui est pourvu de deux entrées.
Vue sur la forêt de Barr.
GR 5
Ruines du Landsberg
En arrivant à Heiligenstein je découvre un bel abri qui me semble relativement ancien de par sa conception. Comme il n'est pas encore l'heure de la pause repas je poursuis ma randonnée en direction du centre village. Je pense que j'aurai le temps de rejoindre un autre abri situé sur les hauteurs de Heiligenstein.
Un toutou randonneur vient renifler Jimmy histoire de lui dire bonjour
Situé au pied du Mont Sainte Odile, Heiligenstein a une vocation viticole qui remonterait au 3ème siècle. La spécialité de Heiligenstein est le "Klevener" un cépage unique en Alsace.
Maison Alsacienne
Vignobles de Heiligenstein et vue sur la plaine d'Alsace
Entrée d'un petit domaine viticole datant de 1751
Et même une tête ...
L'eau de source Alsacienne est bonne !
C'est sur une petite place du village que je vais découvrir ce que j'étais venu voir à Heiligenstein. Il s'agit de la fontaine dite "fontaine de l'ours" datant du 16ème siècle, plus précisément de 1558. En fait d'ours, la sculpture qui trône au sommet de la colonne plantée au milieu du bassin octogonal ressemble bien plus à un lion. Cet animal tient dans ses pattes avant un écu représentant les armes d'Heiligenstein.
Fontaine de l'ours à Heiligenstein
L'ours aux traits d'un lion et les armes de Heiligenstein
La visite de Heiligenstein se termine et je dois maintenant prendre le chemin qui me mènera au kiosque bellevue où j'ai prévu de déjeuner.
Abri du Moenkalb ou kiosque bellevue
Belle table d'orientation datant de 1933 mais inutile car aucune vue à cause des arbres
Ma salle à manger au Moenkalb
Rocher Herrade
Le retour au carrefour de la Bloss se fera par le sentier balisé triangle bleu qui est aussi appelé "sentier des chameaux".
A partir du rocher Herrade, non loin du château du Landsberg, ce sentier est jalonné de nombreuses bornes sculptée sur la face arrière d'un dromadaire portant une croix. Beaucoup de ces bornes portent la date de 1778 suivie de la mention ABGW. Ces initiales signifient "Amts Barr Gemiene Waldungen" ce qui signifie : domaines forestiers communs de la juridiction de BARR.
Le dromadaire portant la croix évoque la légende de la grande croix de Niedermunster apportée de Bourgogne à l'abbaye vers l'an 800. Tous les récits anciens parlent d'un chameau, mais les bornes représentent un dromadaire.
À la cour de Charlemagne vivait le comte Hugues III de Bourgogne, seigneur pieux, loyal et fidèle.
Accusé de conspiration contre l’Empereur par des jaloux et des calomniateurs, Charlemagne le condamne à être décapité. Au jour fatidique, Hugues est mené à l'échafaud. Le bourreau lève le glaive et rien ne se passe, son bras reste coincé en l'air, complètement paralysé.
Qu'à cela ne tienne, on en cherche un autre. Mais il lui arrive la même mésaventure, ainsi qu'à tous ceux qu'on envoie quérir pour mettre à mort celui qu'on croit un félon.
Charlemagne s'impatiente et prend lui-même le glaive, mais lui aussi se retrouve le bras levé et paralysé. Il comprend alors que Hugues est innocent et il implore le pardon du comte.
Ne sachant comment réparer son injustice, il le pria de lui demander tout ce qu'il voudra. Le comte étant un homme pieux, et ne voulant ni trésor ni château, ne demanda qu'un coffret contenant des reliques que Charlemagne avait obtenue des mains du patriarche de Jérusalem, un nommé Fortunatus.
Au bout de quelque temps, le comte Hugues, ne se trouvant pas digne de posséder ces reliques dans son château profane, les fit enchâsser dans un grand reliquaire en forme de croix qu'il mit au cou d'un chameau, tandis que sa femme Ava y avait ajouté un évangile de grande valeur et richement orné. Il fut convenu que les précieuses reliques resteraient et seraient vénérées à l'endroit même où la bête s'arrêterait.
Le chameau se mit donc en route, escorté de cinq chevaliers chargés de sa sécurité. La bête chemina longtemps, longtemps. Elle traversa ainsi Paris sans s'y arrêter, pour finalement arriver en Alsace et plus précisément à Saint-Nabor. Là, le chameau s’arrêta un instant et tout le monde crut être enfin arrivé, mais il se releva et reprit la route. On prétend qu'à cet endroit il a laissé l'empreinte de son pied. Il arriva enfin devant le portail de l'abbaye de Niedermunster au pied du Mont Sainte-Odile où il s'arrêta pour de bon.
Le reliquaire fut installé dans le déambulatoire souterrain de l’église où il fit objet de dévotion. Il attira de glorieux visiteurs, tel Richard Cœur de Lion, roi d'Angleterre. En 1534, l'abbaye fut ravagée et ruinée par un incendie.
Après s'être acquitté dignement de leur mission, nos cinq chevaliers s'en retournèrent auprès du comte Hugues pour lui raconter ce dont ils ont été témoins. Mais ils ne restent pas en Bourgogne, et reprennent le chemin de l'Alsace. Non loin de Niedermunster, ils construisent l'ermitage de Saint Jacques où ils finiront leurs jours.
La crypte de Niedermunster a été ouverte en 1910 et on y a découvert cinq crânes. Était-ce ceux des chevaliers ?